Charles Juliet (30/09/1934 - 26/07/2024)

Montréal, avril 2018.

Quelques phrases prononcées, vos sourires, votre gravité. Votre généreuse humilité qui, sous des strates de pudeurs et de vieilles craintes, pointe et s’offre à qui veut bien la cueillir. Vos mots, votre langue magnifique... 

Vous m’avez ému Monsieur Juliet, vous m’avez happé. Vous m’avez donné de l’espoir, non... espérer c’est être ailleurs, c’est être distrait. Vous avez déployé dans l’air autour, par votre présence, votre musicalité, une carte aux scintillants contours que sont le bien, le sens, l’authenticité. Ému aux larmes par vos mots énoncés, c’est fébrile que je courus chez mon bouquiniste qui, ô joie, avait en inventaire trois de vos livres: Lambeaux. L’année de l’éveil. L’inattendue.

Je lis le premier, instinctivement, de bout en bout, à voix haute. En fermant votre livre je sais, bouleversé, qu’en moi s’initie un autre commencement, une mutation de la transformation qui déjà me traverse. J’ai l’intuition forte que votre récit résonnera pour toujours, vos autres écrits s’y intégreront naturellement.

Sur les parois fines de mon être, sur celles translucides de mon âme, se réfléchissent les échos harmonieux de vos mots, de votre regard, de votre sourire timide. L’intuition aussi d’avoir rencontré, pardonnez mon audace, le grand-oncle, oserais-je le grand-père, protecteur et attentif qui, terriblement, manqua au petit bonhomme perdu et en quelque sorte délaissé que je fus. Ce petit bonhomme, après de longues années d’errance, aujourd’hui réapparait, le coeur certes dénué d’innocence, mais le coeur bouillonnant, plein de cette chose étonnante, cette chose tendre, la vie.

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